Nuit blanche pour série noire
Nuit blanche pour série noire
Une fumée grisâtre.
Un pas, puis deux, puis trois,
J’avançais, tel un automate,
Vers ce porte manteau de bois où se tenait ma veste.
Dehors, le clair-obscur de la nuit.
En ce 06 octobre 1966… Songeuse,
Libre et soulagée.
Un froid sec persistait.
Mais, sur mon visage, à peine je le sentais
Là-haut, dans une bouffée spectrale
La lune, seule,
Elle aussi, dans son habit de pluie
Je revoyais son visage, là, défait.
Depuis bien longtemps déjà
J’attendais cette liberté
Alcool, cris et larmes
Puis toujours résister
Résister pour ne pas sombrer
Ne pas en arriver à un acte irrémédiable
Mais…
De son ventre s’écoulait ce liquide rougeâtre.
Un couteau à même le sol.
Il était là, gisant dans la cuisine,
Triste pantomime.
Je l’ai fais, songeais-je,
Je l’ai fais.
Libre ou presque…
Dans quelques heures ce sera fini.
Ils étaient là, je devais les suivre,
Ces gens en uniforme…
Alertés par les voisins,
Par le spectacle et le bruit de la scène interminable.
À travers la grande baie vitrée, éclairée.
Ils n’ont pas mis longtemps, à nous, ou plutôt me retrouver.
Mais, demain…
C’était ainsi.
Je l’avais décidée.
La seule issue possible.
Tout avait été mûrement réfléchi.
J’écrasais ma cigarette sur le bord du muret,
Et me dis-je : 1 h, 2 h, 3 h
Et ensuite…
Tout sera si différent.
Ils me parlent mais je n’entends pas.
Ne les voient pas.
Je pars dans cet autre lieu,
Bientôt, je m’envolerai.
Bientôt…Je disparaîtrais.
Le jour « J » était arrivé.
Lors de la fouille, ils ne l’avaient pas trouvé.
Le filtre de la cigarette contenant la lame.
Bien caché, au fond de ma bouche.
Mon corps fut découvert à l’aube,
Des escarres aux poignets.
Sur mon visage livide, un sourire figé.
Maintenant je pouvais m’en aller.
Là, enfin, avec les anges pour toujours,
Avec eux à mes côtés.
Heureuse je m’envolais.
Sur les ailes de l’espoir et vers la liberté.
M.G
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